Douleurs liées à l’accouchement, à une maladie chronique, ou encore un accident, pratiquer le yoga de façon régulière peut être un outil de choix dans l’accompagnement de la gestion de la douleur. Grâce aux postures qui sollicitent les muscles profonds, mais aussi (et surtout !) la pratique des respirations profondes réalisées en conscience, l’esprit et le corps se placent dans l’instant présent. Le hatha yoga est particulièrement préconisé.
La disparition des douleurs chroniques lombaires (ou leur très nette atténuation) est une illustration très parlante des bienfaits : grâce à des exercices, simples, mais – surtout – pratiqués chaque jour, les muscles se relâchent. L’allongement du muscle douloureux est alors permis (il ne se rétracte plus) et la libération des tensions se fait. Par exemple, lors des contractions de l’accouchement, pratiquer les respirations profondes permet de poser son mental, de reprendre le contrôle de son corps et de mettre à distance la douleur en diminuant son intensité. Cette pratique est un outil magique dans l’accompagnement des futures mamans lors de l’accouchement. Enfin, la relaxation réalisée à l’issue des séances de yoga est également un allié de choix pour se décentrer de son corps douloureux.
Le yoga thérapie
Certains praticiens ont recours au yoga pour soulager d’importantes douleurs liées à de graves accidents. C’est le cas par exemple du Dr Jocelyne Borel-Kuhner, qui a ouvert en 2012 la première consultation de yoga-thérapie à l’hôpital Simone-Veil, à Eaubonne, en région parisienne. Comme l’explique cette praticienne, elle” propose des séances de yoga thérapeutique adaptées [à ] la pathologie et à ses possibilités physiques. Les profils sont variés : des jeunes en fauteuil roulant à la suite d’un accident de la route, des personnes souffrant de douleurs neuropathiques, atteintes de spondylarthrite, en soins palliatifs…” Les pratiques posturales, associées aux respirations, permettent aux patients de retrouver une maîtrise de leur corps. “L’essentiel réside dans l’attention portée à cette synchronisation entre le mouvement et la respiration” poursuit le Dr Borel-Kuhner. “Ce qui importe, ce n’est pas que le patient devienne très souple ou très fort. C’est qu’il arrive à retrouver des sensations agréables. Qu’il puisse développer une nouvelle écoute de son corps. Car souvent, celui-ci n’est plus que maladie et douleur. Les postures sont alors l’occasion d’expérimenter du plaisir et du soulagement. Peu à peu, le patient apprivoise ces sensations positives, qui prennent de l’importance et peuvent même l’emporter sur les sensations négatives.” Ainsi, le yoga peut être décliné sur de nombreuses pathologies telles que les maladies chroniques (type sclérose en plaque), ou après un accident qui nécessite une rééducation importante.
Règles et endométriose
Mais le yoga peut également être un allié de choix dans des périodes de règles douloureuses, voire même dans l’accompagnement de l’endométriose. Certaines postures peuvent en effet soulager les douleurs du dos et les maux de ventre comme l’explique Sophie Pensa, co-auteure de « Soulager l’endométriose sans médicaments » . Elle délivre ainsi quelques postures simples à réaliser, couplées, ici encore, de respirations profondes et complètes. Même constat pour cette jeune femme souffrant d’endométriose : “Pour moi, il y a dans le yoga deux outils clés qui aident à soulager les douleurs liées à l’endométriose. Le premier est notre souffle. En le ralentissant, on préserve l’organisme de tout stress physique. Le second outil est notre corps, à travers les postures. En exerçant cette combinaison 10 minutes par jour, il est déjà possible de soulager les symptômes de son endométriose” explique celle qui a découvert la pratique du hatha yoga lors d’un stage en Inde.
Reconnecter son corps et son cerveau
Finalement, dans la gestion de la douleur, l’objectif n’est-il pas de reconnecter son corps et son cerveau ? C’est la thèse exposée par Lionel Coudron, directeur de l’institut de Yogathérapie (IDYT). “Tout le principe de la pratique repose sur le fait que le cerveau et le corps sont en interconnexion permanente. Ce que je ressens dans mon corps influe sur ce que je pense. Et donc, si je peux agir sur mon corps, je peux aussi influer sur le reste. Par exemple, si je ressens une crispation, une oppression thoracique, si j’ai le ventre crispé, les mâchoires serrées, ces tensions sont captées par certaines aires du cerveau comme le cortex cingulaire antérieur ou l’insula, et répercutées sur le système limbique des émotions, notamment l’amygdale et l’hippocampe. Dès lors, une fois que les émotions prennent le pouvoir, les pensées surviennent et sont colorées par ces dernières.” C’est ainsi que le yoga est un allié de taille pour lutter contre l’anxiété et le stress, qui mettent en péril notre corps. Relier le corps et l’esprit permet ainsi de booster notre immunité, précieux sésame pour sauvegarder notre patrimoine santé.
